Deux chœurs, un orchestre : une interprétation transfrontalière
L’autre dimanche (ce 8 mai), les mélomanes strasbourgeois ont préféré troquer une sortie printanière contre un concert exceptionnel par le choix de deux œuvres qui leur sont rarement proposées : la Messe solennelle de Sainte Cécile de Charles Gounod et le Te Deum de Georges Bizet.
Par Les Dernières Nouvelles d’Alsace – 21 mai 2022. Photo
Ces deux pièces ont été données en l’église St-Pierre-le-Jeune catholique par une impressionnante phalange franco-allemande composée de deux chœurs et un orchestre que connaissent bien les amateurs de la capitale alsacienne : côté chant, la Singakademie Ortenau et le Collegium vocale Strasbourg-Ortenau et côté instrumentistes le remarquable Orchestre des Musiciens sans frontières Alsace-Ortenau. L’ensemble était placé sous la direction du chef bien connu des deux côtés du Rhin : Olaf Fütterer.
Une histoire d’échecs initiaux
Avec sa Messe solennelle de Sainte Cécile, Charles Gounod rencontre au départ un échec, puisque son œuvre, composée à la suite d’une commande en 1849, se voit refusée au profit d’un autre compositeur, aujourd’hui moins connu : Louis Niedermeyer. Mais elle finit par rencontrer un vif succès plus tard en France, en 1855, après avoir transité par Londres et avoir été saluée par une critique unanime outre-Manche. Nul n’est prophète en son pays…
Autre victime d’un refus initial à la suite d’un concours, le Te Deum, quant à lui, est une œuvre du jeune Bizet, lauréat du Grand Prix de Rome en 1857, âgé d’à peine 19 ans, composé un an plus tard à la Villa Medicis et resté l’une de ses rares œuvres religieuses. Débutant sur un style grandiose et fastueux, l’œuvre réclame virtuosité et souffle de la part de l’ensemble des participants, solistes, chœur et orchestre.
Mais si ces deux œuvres partagent le sceau initial de l’échec, elles ont surtout en commun une même volonté de sacralité triomphante, avec le recours à des accents parfois martiaux et une instrumentation jubilatoire : cors, trombones, trompettes et un pupitre de percussions fourni.
Une exécution de qualité
Les trois solistes se sont partagés eux aussi le succès réservé par le public : la soprane Nathalie de Montmolin, le ténor Jean-Noël Briend et la basse Thomas Herberich, tous trois excellents chanteurs dont la puissance et l’interprétation ont parfaitement répondu aux exigences vocales et musicales des deux œuvres.
Le chœur, quant à lui, a montré tout au long de l’exécution la grande maturité que ses choristes ont acquise, grâce à leur travail et à la direction musicale inspirée de son chef, Olaf Fütterer.